Le quatrième cavalier, dont le cheval a une couleur verte et pâle, représente la mort.
Le terme grec "khlôros", traduit ici par "verdâtre", peut désigner le teint anormalement pâle d'une personne malade ou encore quelqu'un qui pâlit de crainte.
Ceci n'a rien de surprenant car la perspective de la mort suscite le plus souvent la peur, et son préalable fréquent, la maladie, est tout autant redoutée.
Les deux précédents cavaliers, représentant la guerre et la misère, pouvaient aussi conduire à la mort tout comme la maladie.
Celle-ci peut être individuelle ou collective en cas d'épidémie, mais la maladie la plus grave, même si elle n'est pas conçue comme telle mais comme un phénomène normal, c'est le vieillissement corporel qui conduit inéluctablement tôt ou tard à la mort.
Il est donc logique que ce quatrième cavalier suive les autres puisqu'il va emporter ceux que la guerre ou l'injustice sociale ont épargnés.
Riche ou pauvre, la condition humaine conduit inéluctablement à croiser un jour le chemin du quatrième cavalier qui nous emportera ...
La couleur de sa monture évoque l'aspect cadavérique et la décomposition qui suit la mort.
L'Hadès, le séjour des morts, appelé "Schéol" en hébreu, suit les cavaliers comme une voiture-balai.
La suite de ce huitième verset mérite que l'on s'y attarde :
« Il leur fut donné le pouvoir, sur le quart de la terre, de tuer par l'épée, la famine, la mort et les fauves de la terre. »
On pourrait penser que seul le quart de l'humanité est frappé par ces quatre éléments : l'épée (la guerre), la famine (la misère), la mort et les fauves.
Or, quelle que soit la cause du décès, nul n'échappe à la mort.
Et qui sont ces « fauves de la terre » qui ne correspondent à aucun cavalier ?
Est-ce un cinquième cavalier qui n'aurait pas été nommé ?
A moins que les trois cavaliers qui symbolisent pour l'un la guerre, pour l'autre la famine, et pour le troisième la mort, agissent tous de concert afin de « tuer par l'épée, la famine, la mort et les fauves de la terre » ?
... et ceci depuis la mort du premier homme, Abel, le fils d'Adam, qui fut frappé par son frère, Caïn.
« Comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, la mort a atteint tous les hommes, parce que tous ont péché. »
(Epître aux Romains 5.12)
Ce n'est donc pas un quart de l'humanité qui a été, est ou sera frappé ... mais tous les humains qui ont toujours connu la mort !
Cependant tous ne sont pas morts de la même façon :
- un "quart" par les conséquences de la guerre,
- un "quart" par la famine et dans la misère,
- un "quart" du fait des « fauves de la terre »,
- et pour le "quart" restant qui a échappé aux trois premiers phénomènes, la maladie et la vieillesse les a emportés !
Il nous reste à savoir qui sont ces « fauves de la terre » ?
Dans le contexte de l'Antiquité, on pourrait songer que les bêtes sauvages étaient responsables de multiples décès d'hommes, femmes ou enfants.
Mais de nos jours, avec le recul qui permet une vision d'ensemble sur l'histoire de l'humanité, force est de constater que le plus grand prédateur, le plus grand fauve de la terre : c'est l'homme !
Lorsqu'il ne tue pas par l'épée (la guerre), en affamant les plus pauvres, ou en répandant toutes sortes de maladies, il tue ou se détruit lui-même par la pollution, le tabagisme, l'alcoolisme, les accidents ...
« Tu as tout mis sous ses pieds ! »
Quand le psalmiste écrit cela (Psaume 8.7), la lecture de ce verset peut être comprise à deux niveaux :
- soit il parle de l'humanité qui a reçu la terre pour la dominer (Genèse 1.28),
- soit il annonce déjà la venue de Jésus, le "Fils de l'Homme", couronné de gloire et d’honneur.
Ce verset, que le Seigneur a bien voulu nous montrer, est repris dans l'Epître aux Hébreux.
Mais puisque le cavalier verdâtre symbolise la mort, nous pourrions dire aussi à son sujet : « Tu as tout mis sous ses pieds ! »
Quand il commente ce verset, l'auteur de l'Epître aux Hébreux nous annonce la nouvelle gouvernance du monde sous la conduite du Seigneur Jésus.
Car même la mort (le cavalier verdâtre) tombe sous les pieds de l'Agneau ressuscité !
« Car en fait, en Lui soumettant toutes choses, Il n'a rien laissé qui ne Lui soit soumis. » (Hébreux 2.8)
Nous savons qu'à terme, la mort et l'Hadès sont appelés à disparaître dans l'étang de feu (Apocalypse 20.14).
Et ce commentaire de Paul, à propos de la résurrection, apporte le complément d'explication qui nous faisait défaut :
« Car il faut qu’Il règne jusqu’à ce qu’Il place tous Ses ennemis sous Ses pieds. Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort.
Car Il a tout mis sous Ses pieds. »
(1 Corinthiens 15.25-27)